Après un séjour de plus de deux ans en orbite, l’X-37B de l’U.S. Air Force, revenu sur Terre en octobre 2019, s’apprête à repartir dans l’espace pour une mission qui pourrait durer 1.000 jours ! Pour cette dernière, il sera doté d’un nouveau module dont la fonction exacte n’a pas été communiquée mais celle-ci étendra les capacités de ce véhicule qui fascine autant qu’il inquiète. Il fascine car il est le seul à pouvoir faire ce qu’il fait et il inquiète car on ne sait pas ce qu’il fait.
Le 16 mai, l’U.S. Air Force lancera sa mystérieuse navette X-37B pour une sixième mission, a déclaré le secrétaire de l’U.S. Air Force (USAF), Barbara Barrett. Ce sera également la première mission de la nouvelle Force spatiale des États-Unis. Il décollera du site de lancement de Cape Canaveral Air Force Station, en Floride, à bord d’un lanceur Atlas. Étonnement, l’X-37B sera lancé seulement une dizaine de jours avant le premier vol habité du Crew Dragon de SpaceX.
Seul véhicule spatial réutilisable au monde, l’X-37B suscite toujours autant de curiosités et d’inquiétudes en raison de la confidentialité qui entoure ses missions. Cette sixième mission n’échappe évidemment pas à cette règle, bien que le Pentagone se soit montré un peu plus ouvert que lors des missions précédentes. Si ni la durée ni les détails des objectifs et des expériences qui seront tous réalisés n’ont été communiqués, le Pentagone a indiqué que « cinq charges utiles expérimentales » seront embarquées pour « mener plusieurs expériences en orbite ».
Il est notamment prévu de tester, dans l’espace, les réactions de certains matériaux (sans préciser lesquels), de mesurer les effets des radiations ambiantes sur une série de semences pour la culture d’aliments qui pourraient servir à la consommation des astronautes ; également programmée, une autre expérience qui transformera les radiations solaires en énergie radio-électrique et étudiera la façon de transférer cette énergie vers la Terre. Enfin, et ce n’est pas une première, le X-37B déploiera un petit satellite (FalconSat-8). Lors de ses précédentes missions, il en avait déjà largué au moins deux et peut-être même récupéré un, mais cela n’a jamais été confirmé.
Initialement conçu pour fonctionner jusqu’à 240 jours en orbite, ce véhicule a repoussé ses limites à chaque mission pour atteindre 780 jours passés en orbite lors de sa cinquième mission, de septembre 2017 à octobre 2019. Si l’U.S. Air Force reste très discrète sur les réelles capacités du véhicule, il n’est pas absurde d’envisager que cette sixième mission pourrait durer 1.000 jours !
D’importantes possibilités d’action dans l’espace
Depuis sa mise en service en 2010, le X-37B a toujours suscité de vives inquiétudes tant ce véhicule étonne par ses capacités inédites et uniques. Capable de changer rapidement et régulièrement d’orbite, il démontre également l’importance d’un avion spatial réutilisable.
Si, officiellement, il est avant tout un banc de test volant qui expérimente des technologies que les États-Unis souhaitent pour l’instant ne pas rendre publiques, sa mission principale est de démontrer la robustesse et la fiabilité des pièces et autres systèmes utilisés pour le construire et à usage de véhicules spatiaux réutilisables comme la réduction des risques, le test de nombreux nouveaux matériaux, de nouvelles technologies, d’instruments d’observation, voire de technologies liées à la maintenance en orbite. La confidentialité qui entoure les missions du X-37B alimente les spéculations au sujet des objectifs réels du Pentagone.
Si ce véhicule pourra être utilisé — et cela ne fait guère de doute — pour éliminer des débris spatiaux qui menacent des satellites américains en les récupérant dans sa soute, l’X-37B pourra évidemment être employé à des fins militaires. On peut aussi imaginer que, s’il peut éliminer des débris inertes, l’X-37B soit aussi en capacité future (si ce n’est pas déjà fait) de récupérer des objets non coopératifs. Il faut savoir que les États-Unis suivent de très près les développements chinois de Cubesats hyper-manœuvrants qui pourraient servir de mine spatiale.
Enfin, à terme, et si le besoin s’en fait sentir, ce véhicule pourra servir d’arme anti-satellite, d’engin de renseignement spatial, voire de plateforme d’emport et de lancement de charges militaires, tels que des missiles par exemple